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Mailletard


MAILLETARD
(village situé au nord de St-Pierrre-de-Fursac, voir carte ci-après)

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Carte Mailletard

UN SIECLE DE MAILLETARDAIS
D’après les dires des anciens, le nom du village aurait pour origine le verbe « mailler », le « maillage » désignant le phénomène de multiplication du blé. En effet, développée à partir d’un grain, la petite plante donne naissance, au printemps, à plusieurs tigelles, chacune portant un épi. Alors, le fait que le blé maille tard, en raison d’un terrain argileux et compact, donc froid, n’annonce pas un rendement céréalier généreux.
Autre piste : maillerre = moulin à battre le blé, le chanvre ;
ou mailler : frapper la monnaie.
Au 18e siècle, on trouve Mailletard de la Creuse écrit Maïtard.

Le village est divisé en deux parties : la première « le coudert » ou « couderc », qui est un commun sur lequel se sont bâties quatre fermes avec maison, grange, étable et le bas village, avec deux fermes et deux habitations de cantonniers à l’époque, un chalet bois à l’arrivée du village et une maison rénovée sur la route de Chabanette, achetée par des holandais.

Les terres de Mailletard ont nourri des générations d’habitants. A l’aube du XXe siècle, approximativement, le village comptait 45 personnes, réparties sur huit foyers, souvent liés par des relations familiales. Tous des paysans, qui pratiquaient polyculture et élevage et vivaient en quasi autarcie. On achetait peu. L’ordinaire souvent maigre était amélioré par les quelques sous ramenés au pays par les maçons qui, depuis le XIXe siècle, montaient à Paris, émigration saisonnière, les Lafont, les Jouanny, Puychevrier… Des durs, des solides, qui ont rapporté aussi de la capitale les idées républicaines, voire socialisantes.

En 1910, est arrivé un artisan, charron-charpentier-couvreur-menuisier, « venu gendre » chez les Puychevrier.
Entre les Mailletardais de l’époque, l’entraide était fréquente : existence de communaux, construction d’un lavoir collectif (un ri ), achèvement d’une route, gros travaux réalisés ensemble…, ce qui n’excluait pas les jalousies entre villageois. Après la moisson de juillet, la batteuse, machine dont on se servait pour battre le blé, l’orge ou l’avoine (extraction du grain, séparation de l’épi et de la paille) était un bel exemple de travail commun entre les Mailletardais et les villages voisins, avec casse-croûtes et repas très conviviaux en récompense du labeur harassant.

La première guerre mondiale assassine n’épargne pas le village, les hommes jeunes partirent au front, vieux et femmes durent encore assumer les lourds travaux des champs, des familles furent endeuillées.
Après les années 20, les mutations commencent. Le village perd ses enfants : on devient instituteur, on part à la ville. L’atelier de menuiserie-charpente se mécanise.

La dernière chaumière, du 17e ou 18e siècle, rare maison couverte de chaume de paille encore visible au début du 20e siècle, fut un exemple de modestie avec des murs épais, de petites ouvertures, une demeure encapuchonnée de paille de seigle. La couverture épaisse était posée sur des perches de châtaigner en guise de chevrons, chaque touffe de chaume était nouée aux lattes par un lien de paille de seigle. Les perches étaient retenues à la panne du faîtage par une cheville. Dans cette réalisation éprouvée par des siècles SANS UN CLOU, pas un crochet de métal et la pluie ne pouvait pénétrer dans le grenier. Elle fut détruite en 1923-24 pour construire une maison en pierres avec grange et étable.

En 1940, les Mailletardais se montrent accueillants pour les réfugiés du nord de la France, puis pour quelques familles juives.
Deux fermes du bas-village sont vendues et de nouveaux habitants arrivent avec leurs familles ; les pères ne sont plus paysans, mais cantonniers à la commune. Un peu plus tard, le village comptera même une mini-épicerie dont le patron faisait le commerce de poisson dans les localités environnantes. Globalement, la population se maintient, les arrivées comblant les départs. Ce qui ne sera plus le cas à partir de 1960, l’hémorragie se poursuit pour les générations suivantes, inexorable.

1970 : une révolution, le remembrement, qui transforme définitivement le bocage originel. Nouvelle politique agricole, nouvelle ère. Les deux exploitations les plus importantes résistent. Pour quelques années.
Avant ce remembrement, les champs avaient des noms et ils étaient vivants. Au nord, au dessus du village le Peux, les Planets ou Planeaux, la Lande pour les activités agricoles proches des bois marécageux, la Couture terre fertile, la Tuilerie argileuse, les Monges, les Bois , les Betoulles, les Sarcilles, le Sauze, l’Arberette, la Tetade, la Fontvieille…
Depuis, trois autres maisons, vendues, ont été achetées par des néo-Mailletardais, dont un couple de Gallois.

Aujourd’hui, plus aucun paysan, l’atelier de menuiserie depuis longtemps fermé et un seul actif ! Ce dernier arrivé de Paris, le mouvement s’inverse, artisan plombier chauffagiste (bientôt retraité).

Le village ne compte plus que dix habitants réguliers. Cinq autres reviennent en été. Enfants et petits-enfants pointent leur nez, quelques jours, quelques heures, pour humer l’air des ancestrales maisons.
Combien de temps encore ? Bientôt, il n’y aura plus aucun descendant des familles originelles.
Cependant, tous les ans, au mois d’août, les habitants, les vacanciers se réunissent pour un repas de voisinage, pour échanger les souvenirs, se rappeler que ce village était le lieu de convivialité où tous ne faisaient qu’un, aussi bien dans la joie que dans la peine.

Sans regrets et ni nostalgies, l’espoir, c’est que d’autres viennent, qui redonnent vie à Mailletard. A leur façon. Car nul n’est propriétaire éternel d’un terroir. L’important, c’est que vive la campagne, que les chemins et les vieilles pierres des maisons s’animent, qu’une nouvelle histoire commence. Elle est à inventer.

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